Le Père Guyan prend les choses en main
L'élimination
de la reine des fournis offrit un brin d'espoir aux habitants de
Moorshroud. Un brin bien fragile devant le vide qui régnait dans les
entrepôts. Le manque de ravitaillement devint rapidement le principal
problème. L'absence de la comtesse, la morsure infectée qui clouait le
connétable sur un lit de l'hospice, privaient les habitants en péril de
toute instance décisionnaire. La situation ne tarderait pas à tourner au
drame si personne n'agissait. Telles étaient les obscures pensées qui
cheminaient dans l'esprit du père Guyan, diplomate d'Iosas, alors qu'il
veillait au rétablissement de connétable.
La veille, le paladin de Justicia, fier à l’excès
d'avoir entravé les ambitions de Salissak, se prenant pour un
demi-dieu, sinon pour un dieu à part entière, oubliant que sa gloire il
devait la partager avec ses compagnons, lui avait donner des
instructions d'un air de ceux sont convaincus que l'avenir de l'humanité
dépend de leurs petites personnes. Le père Guyan, en tant que bon
diplomate, n'avait laissé en rien son courroux s'exprimer envers ce
jeune prétentieux. Au contraire, il avait écouté avec grande attention
les propos du paladin, dont certains ne manquaient pas de pertinence.
Question de tri.
Tout bien considéré, la fâcheuse situation dans
laquelle était plongée Moorshroud apportait une opportunité pour
valoriser une les bienfaits des préceptes d'Iosas. Aussi, le père Guyan
s'autorisa à user de son autorité cléricales pour lancer les actions qui
devenaient à ses yeux indispensables pour le bien et la survie de la
communauté de Moorshroud. La priorité portait sur l'approvisionnement.
Le paladin, dans sa longue dialectique exaltée, se vantait d'avoir
ouvert une voie navigable. Fait que le père Luk lui avait apporté avant
son départ, sous des propos moins héroïques et plus communautaires. Il
devenait donc urgent de l'exploiter. Ainsi, il se rendit à la rencontre
d'Eraskus Triskanian, propriétaire du seul bâtiment navigable en bon
état, usa de sa meilleure argumentation pour le convaincre de retourner à
Bout-de-glisse ramener une cargaison de melon et de porc. Une
argumentation qui lui couta quelques pièces d'or, et une garantie de
rachat de la marchandise. Mais qu'importe, il savait que la comtesse
approuverait cette initiative et serait la valoriser à sa juste valeur.
Concernant
les travaux à effectuer pour verrouiller l'accès masqué au château que
les aventuriers avaient révélé, il confiera l'ouvrage au père Luk,
ancien prêtre bâtisseur, dès son retour qui devrait se produire dans les deux ou trois jours.
Restait
l'affaire Salissak qui avait aussi interpellée son ami Luk. Une
occasion qui se produit que trop rarement dans une vie. Une occasion de
redonner la célébrité perdue à Iosas. Un occasion de créer une alliance
profitable auprès de Justicia. La comtesse de retour, il lui demandera
de le libérer de son contrat pour partir en guerre. une guerre voulue
par les dieux, une guerre dont la victoire qui dessinera le sourire du
renouveau sur le visage de cette triste région, une guerre qui redonnera
à Iosas sa gloire injustement confisquée.
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En attendant le retour du Père Luk et de la Comtesse Teskain, Père Guyan continuait à s'affairer auprès des dernières victimes des rats.
« Mon Père, un homme veut vous voir ».
Il s'agissait sans doute du père Luk, bien qu'il fût étonnant qu'il soit déjà de retour. Le diplomate attendait son ancien disciple au plus tôt le lendemain.
L'homme qui se présenta ne ressemblait en rien au prêtre parti en mission. Il était plus petit, large d'épaules, des mains fortes et calleuses aux nombreuses cicatrices, une tenue de cuir épais bien entretenue. Son visage avait perdu la fraîcheur de la jeunesse, et affichait un âge qui avait franchi la quarantaine. Ses yeux clairs exprimaient une certaine intelligence. Sans doute un maître artisan, un forgeron par exemple.
A qui ai-je l'honneur demanda le diplomate ?
- Mon nom ne vous dira rien mon père. Je suis venu avec le bateau amarré depuis deux jours. Le père Luk que vous devez connaître, m'a recommandé de m'adresser au Père Guyan. Cela fait donc deux jours que je vous cherche. Et, c'est bien vous n'est-ce pas ?
- En chair et en os monsieur. Pourriez-vous me rappeler la teneur de la recommandation du père Luk, interrogea le diplomate d'un air suspicieux ?
- Je suis artisan arbalétrier, entre autres ...
- Ha oui, L'interrompit le prêtre. Effectivement le Père Luk m'a parlé de vous et de vos compétences. J'imagine que la comtesse se montrera intéressée par un fabricant d'armes qui, si j'en crois mon ami, ne manque pas de talent. Je vais faire en sorte que nous ayons un entretien avec la comtesse, dès lors qu'elle sera de retour, afin de déterminer en quoi vos capacités pourraient lui être utiles. J'ai quelques idées, mais je préfère la laisser s'exprimer en tant que maîtresse des lieux. Je vous rassure tout de suite, votre travail sera rémunéré, bien rémunéré. Néanmoins, avant toute chose, pourriez-vous me détailler l'étendue de votre savoir. Nous les prêtres d'Iosas, nous portons un grand intérêt à connaissance et tout particulièrement à celle de l'artisanat. D'ailleurs, vous pourriez être sous sa protection et faire partie de notre communauté. Enfin nous verrons cela une autre fois. Donc je vous écoute.
- Je me nomme Ecly et je suis ingénieur en machines de guerres et plus particulièrement dans les grosses, très grosses arbalètes comme les balistes.
Le Père Guyan demeurait muet aussi Ecly continua ses explications.
-Le fonctionnement des mes armes est basé sur l’usage de mécanismes utilisant l’action de deux leviers sur plusieurs faisceaux de fibres tordues faisant office de ressorts à torsion.
L’ingénieur continua ses explications et fut surpris par les questions pertinentes de son interlocuteur dont les connaissances n’étaient à prendre à la légère. Ecly expliqua que les lieux n’étaient guère propices à la construction de machines de guerres : il manquait singulièrement de bonnes matières premières dans la marais et l’humidité était préjudiciable au fonctionnement des ressorts à torsion mais après tout, s’il avait réussit à construire une arbalète de fortune avec trois fois rien, il pourrait construire pour le comtesse de bonnes balistes de petites tailles adaptées au château.
Le Père Guyan posa de nombreuses questions à l’homme car le parcourt de l’homme était truffé de trous. Ancien ingénieur militaire de l’Empire de Crieste, il avait quitté l’armée pour des raisons qu’il taisait. Il faudrait très certainement gardé un œil sur lui.
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Alrik commençait à trouver le temps long à attendre la comtesse. Certes, il avait pu avancer dans ses recherches mais un entretien avec la maitresse des lieux devenait nécessaire pour obtenir certaines autorisations. Grâce à la bonne relation qu’avait nouée Gael Halad avec Danier du Luth, le nain avait obtenu la promesse d’accéder à la petite bibliothèque du château. Ruminant son impatience, il s'apprêtait à aller déjeuner, lorsque le hasard voulut qu'il croise en chemin le Père Luk.
« Bonjour Père Luk, vous voilà de retour, dit le nain curieux de connaître la raison de l'absence du prêtre de ces derniers jours.
- Oui, dès mon arrivée au château, mon supérieur le père Guyan, me demanda expressément de rejoindre Cuvier la Rive, où nous, les membres de la communauté du dieu Iosas, avons construit un très récent petit prieuré, pour donner quelques conseils sur les travaux urgents à mener afin d'empêcher que la montée inexorable du marais cause des dommages irrémédiables. Je partis donc le lendemain dès l'aube pour une intervention qui me prit cinq jours. À mon retour, Père Guyan m'informa de ce qu'il s'était passé. Je venais donc vous remercier d'avoir voulu me sauver, et de vous féliciter de l'aboutissement parfaitement réussi de votre héroïque intervention. Je suis aussi venu pour une autre raison. Je sais que vous avez une lettre soi-disant écrite de ma main. J'avoue que j'aimerais en connaître l'auteur. Pour une simple explication bien entendu. Ce faux ne peut être l'œuvre des enfants. Dans cette région, peu d'adultes, et encore moins, d'enfants savent écrire; surtout venant de villages isolés. Aussi, seriez-vous disposer à me montrer ce faux, puis me le confier. Je vous en serai fort reconnaissant.
- Bien entendu père Luk, voici le faux. Pour éviter une pareille mésaventure, je vais vous confier une courte note manuscrite de ma main sur les déboires du clan nain Magnus et si vous pouviez me confier un écrit de votre main, cela me permettra d'étudier votre écriture. Ainsi, nous prendrons nos précautions pour qu'une telle tromperie ne puisse se reproduire...
Le père Luk fut avant tout surpris. En lui confiant une note de sa main sur les déboires d’un clan nain, Il semblait marquer par ce geste, une grande confiance dans le prêtre. En revanche, demander en échange un écrit, pouvait aussi se comprendre comme une assurance que le faux fut bien un faux. Naïveté, prudence, intelligence, les trois caractères parfois antinomiques du nain ressortaient dans cette ambivalence. Sur cette affaire, le prêtre n'avait rien à cacher. Aussi, il fit mieux que de se prêter au double jeu du nain.
« Excellente suggestion mon ami, répondit Luk en extirpant de son manteau de prêtre d'Iosas un carnet de note. Nous allons de suite vérifier si l'écriture de la mensongère lettre, ressemble un tant soi peu à la mienne.
Se disant, le prêtre ouvrit son carnet au hasard, et mît la lettre suspecte à côté. Il répéta l'opération sur plusieurs pages, pour conclure.
- Je suis loin d'être un expert en calligraphie, néanmoins celui qui a fait ce courrier ne semble pas connaître mon écriture. Qu'en pensez-vous ?
Effectivement, au premier regard, il fut aisé de constater que les deux écrits avaient été réalisés par deux mains différentes. Aussi, Alrik Approuvât le diagnostic du prêtre sans aucune hésitation.
Enfin, Luk détacha de son carnet une feuille couverte de son écriture pour la remettre au nain, comme celui-ci l'avait suggéré. Il prit la note que lui proposait le nain qu'il inséra précieusement dans son carnet avant d'enfouir ce dernier dans une profonde poche intérieure de son manteau.
- Bien; je vais pouvoir mener mon enquête. Merci pour votre aide et confiance. Sachez que dans les prochains jours je partirai vers le nord, rejoindre le temple principal d'Iosas à Wildsgate. Mon supérieur m'a fait comprendre que ma mission en ce lieu se terminait avec l'ouverture de la voie fluviale qui assurera le ravitaillement de Moorshroud et donc sa survie. Si vous même souhaitez revenir près des vôtres, qui dans mes souvenirs se trouvent proche de Wildsgate, n'hésitez pas à me le faire savoir. C'est avec grand plaisir que je ferai route à vos côtés. Vous me trouverez chez Rougar, le forgeron qui a bien voulu me louer une petite chambre. Ou sinon, près du chantier de sécurisation des accès du château, où je prête mes services de maitre bâtisseur.
En quittant son compagnon, le prêtre se rendit à la forge, monta au second étage ou se trouvait sa chambre dans laquelle il s'isola. La chaleur de la forge lui permis d'ôter son manteau de laine malgré la fraîcheur extérieure. Il reprit son carnet pour y retirer la lettre d'Alrik, qu'il lût avec grande attention.
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Lorsque le prophète Nomothamai prédit l’avènement de l’Age de l’Homme, le Peuple Barbu décida de ne pas se lancer dans une guerre perdue d’avance et abandonna ses mines disséminées ici et là et se regroupa sous les Montages d’Ul Dominor et s’unifièrent sous l’égide d’un seul Suzerain et du Conseil des Clans. Quelques clans parmi les plus belliqueux refusèrent de se plier aux présages d’un vieux nain. Le plus véhément fut le clan Magnus mené par Magni Barbe-de-Ténèbres. Ils menèrent une guerre sans merci aux longues-jambes, utilisant toutes les techniques de guerre de leur clan pas toujours honorables aux yeux des autres nains. Devant l’avancée inexorable des humains, Magni ordonna à ses prêtres de Sodoutym le Sombre Dieu nain de la Tyrannie, d’invoquer de terribles démons pour détruire les humains. Pour accomplir cet acte, les prêtres devaient faire un sacrifice sanglant de grande envergure. Nul ne sait ce qui arriva mais on prétend que les guerriers nains du clan Magnus qui devaient être égorgés finirent pas se révolter. Le clan disparu mais tous les nains gardent en mémoire la terrible histoire du clan Magnus comme un rappel à l’ordre.
Texte principal Marcapuce avec des compléments d'ALM et de Raskal