Je m’appelle Gomez… je suis du hameau de la Tour où j’exerçais ma formation d’apprenti joaillier. 
 Je sais que je n’ai plus que quelques minutes à vivre encore… Le  Serpent-Démon me cherche et arrivera bientôt à enfoncer les portes de la  petite salle dans laquelle je me suis barricadé… J’ai été gravement  blessé et je manque de force, et les quelques brandons à moitié calcinés  que j’ai pu récupérer vont bientôt s’éteindre.
J’écris donc mon histoire avec mon propre sang sur les murs de la salle…
Nous étions 16 jeunes du Hameau à avoir réussi à pénétrer dans ce  complexe… Un vieil homme arrivant au crépuscule de sa vie nous avait  indiqué comment, à la faveur d’une configuration astrale favorable, il  était possible de trouver les portes cachées pénétrant dans un  mystérieux endroit qui recélait d’infinies richesses. La soif d’aventure  pour certains, l’attrait des richesses pour d’autres, nous avaient  décidé à aller voir…
Nous étions jeunes et insensés ! Plusieurs d’entre nous ont été fauchés  en pleine jeunesse : Mon ami surnommé « La Chose », fossoyeur du hameau,  un brave gars taciturne mais loyal, d’une force herculéenne… Asine la  magnifique, elfe d’une incomparable beauté, avide de bijoux et  pierreries… Pickwi, la gitane halfeline diseuse de bonne aventure (avait  elle su ce qui l’attendait ?)... Loustic, un de ces gamins des rues,  orphelin qui rêvait d’un avenir meilleur…
Heureusement les autres s’en sont sortis : Ma chère Hermione, si  fragile, si pure, que j’ai pu protéger jusqu’à la fin… Morticia, notre  shamane dont les conseils étaient souvent avisés... Iogana, petite  halfeline courageuse, guérisseuse à ses heures, le dernier visage que  j’aurai vu…Tori-ne, forgeron nain, sage et courageux… Boris Guntar,  charpentier de son état, inséparable compagnon du nain… Lufy, l’érudit  elf, dont les connaissances nous ont été si précieuses… Pinpin, pauvre  garçon malmené par la vie, si habile à la fronde… Braban, Croc, Scaban,  Hulric, toujours prompts à la bagarre mais décidés et courageux…
Mes amis, je ne saurai jamais si le destin vous sourira désormais, mais  mes prières vous accompagnent ! Que le sacrifice de ceux qui sont mort  ici ne soit pas vain…
Tout avait donc commencé quand nous étions sortis de chez le vieillard.  Morticia avait pris les devant car elle connaissait bien l’endroit et la  nuit était claire… Habituée à contempler le ciel, elle avait remarqué  que des phénomènes inhabituellement lumineux se déroulaient dans le  firmament. ! Nous nous retrouvâmes devant une antique arche de pierre…  les rayons du ciel semblaient indiquer de passer dessous, je pris donc  les devant toujours soucieux d’éviter que quelqu’un puisse être blessé…  et stupéfait je découvris qu’au fur et à mesure que la lumière astrale  s’étendait, un couloir apparaissait comme surgi de la nuit !
Au bout du couloir, une porte en bois avec de lourdes ferrures parsemée  de nombreux cristaux… aucune serrure ! Le maître nain compris le premier  que seule la lumière des astres parviendrait à déclencher  l’ouverture... ce qui advint effectivement.  C’est aussi  le bon sens de  Tori-ne qui nous fit comprendre que sans torche, les humains auraient  bien du mal à progresser. « La chose » et Pinpin retournèrent chercher  de quoi faire un brasier et éclairer un peu les lieux…
Nous entrâmes dans un petit vestibule avec une seule porte à double  battant qu’il fallait simplement pousser, mais encadrée de 4 statues  métalliques de guerriers tenant des lances. Les dieux devaient nous  guider car dès que les battants furent poussés, les 4 lances cherchèrent  à nous transpercer ! Si « la chose » et moi eûmes la présence d’esprit  de faire un pas de côté, Boris fut par contre sérieusement blessé.  Iogana, faisant preuve de grande compétence dans le maniement des herbes  parvint à le soigner.
La seconde salle s’avéra être plus spacieuse avec une porte à double  battant de chaque côté et une statue de pierre de plusieurs mètres,  excentrée, semblant regarder vers nous. Il s’agissait d’une  représentation d’un farouche guerrier tendant une main vers l’avant. Le  talent de l’artiste, à moins que ce ne fût quelque maléfice, l’ayant   doté d’un regard pénétrant. J’entrais le premier avec précaution, mais  comme rien ne semblait se manifester, presque tous me rejoignirent.  Hélas, succombant à sa curiosité insatiable, Iogana voulu pénétrer dans  une autre pièce, ouvrant la porte à l’opposé de celle que nous venions  d’emprunter…  Une chose effroyable se passa alors, imprévisible,  terrifiante… un jet de flamme jaillit de la main de la statue à  plusieurs reprises, embrasant plusieurs de mes compagnons ! C’est ainsi  que périrent d’une mort atroce Picwic et Loustic. Mes compagnons  courraient pour échapper à l’enfer du brasier quand je me résolu, aidé  par mon fidèle ami « La chose », à renverser la statue ! Je criais un  ordre bref qu’il compris aussitôt, et d’un effort surhumain, nous  soulevâmes la gigantesque statue qui s’écrasa au sol en se brisant…  Skaban fit un saut de côté pour éviter d’être écrasé, tandis que les  autres étaient saufs !  Mais notre groupe s’était dispersé, chacun  souhaitant protéger sa vie : Iogana et le nain étaient partis dans une  salle où aucun cri, aucun appel ne nous alarma, pendant que Croc et Lufy  partaient dans un autre couloir, alors je m’élançais avec « La Chose »  dans une pièce où Hulric prétendait avoir vu des squelettes, mon  instinct me dictant de me porter par là. 
 

 
 Dans une petite pièce se tenait un ossuaire qui prit vie quand nous y  pénétrâmes. Je m’étais armé d’une lance récupéré auparavant, mais mon  inexpérience à la manier couta la vie de mon ami : Je trébucha,  éteignant la torche, plongeant la pièce dans le noir, et les  mort-vivants eurent le dessus du fossoyeur qui pourtant parvenait jusque  là aisément à balayer les ossements à grands coups de pelle… Il périt  ici même ! Fatale erreur que je mérite de payer de ma vie… Je m’extirpai  de la pièce, et mes compagnons sous la direction de Skaban décidèrent  de charger les os vivants… Décidemment c’était un endroit funeste, car  il y fut lui-même très gravement blessé, même si au final toutes les  créatures furent dispersées. Des masques y furent ramassés, qui me  mirent très mal à l’aise.

 
 
La salle dans laquelle L’halfeline et le nain étaient entrés comportait  un immense bassin rempli d’eau dans lequel on voyait briller de  nombreuses gemmes dans le fond. Iogana se hâta de plonger dans le bassin  et parvint facilement à dessertir une pierre. Elle ressorti presque  aussitôt pour prévenir le groupe de sa découverte. La ravissante Asine  lui emboita le pas… Mais le nain avait repéré plusieurs créatures  d’apparence cristalline qui se déplaçaient lentement autour du bassin.  Evitant de trop bouger, il choisit d’attendre. Mais l’appât du gain fit  se précipiter tous les survivants dès que les combats avec les  squelettes prirent fin.
Pendant que les autres ramassaient les gemmes, je tentais de faire  sortir de la pièce les créatures de cristal qui semblaient fortement  attirées par la chaleur de la torche… Je leur confectionnais un petit  foyer pour qu’elles se tiennent à l’écart, mais elles semblaient  pacifiques. Je crû cependant discerner de la tristesse en elles ! 
Je rejoignis ensuite les autres pour recueillir le fruit de notre  périlleux labeur. Quelques uns s’étaient lassés de ce travail ingrat et  avaient commencé à emprunter un escalier qui descendait hors de la  salle. C’est à ce moment qu’une nouvelle tragédie survint : Sans doute  affaibli par les coups répétés pour dessertir les gemmes, le fond se mis  à céder brusquement et s’écroula dans une salle inférieure ! Je parvins  à faire un pas de côté pour éviter d’être entrainé, mais 3 d’entre nous  partirent avec les gravats : Pinpin et Morticia furent blessés, mais la  belle Asine ne survécut pas à la chute.

 
Vu de haut, le spectacle était incongru : une grande salle où devait se  tenir des dizaines de statues de soldats d’argile était devenu un  cloaque avec toute l’eau qui s’était répandue, le tout mélangé aux  gravats divers… Seuls 6 « guerriers » semblaient avoir été épargnés. Au  milieu, le corps sans vie de la belle elfe était un spectacle déchirant…  Je choisis alors de sauter rejoindre les 2 autres, mais trop  maladroitement et je m’étalais ce qui devait me faire perdre du temps.  Les statues s’animèrent, ainsi qu’une autre représentant un guerrier de  glaise assis sur un trône. Pinpin choisit de s’écarter le plus loin  possible et sortant sa fronde tira sur la statue descendant du trône… un  tir superbe qui endommagea sérieusement une des jambes ! Avec Morticia,  nous nous rapprochâmes de ce dernier quand nos autres compagnons  commençaient à envahir la pièce sortant de l’escalier. Le combat fût  court, et la statue de celui qui s’avéra être le chef s’effondra,  interrompant brusquement l’animation des autres guerriers d’argile.
Je me préoccupa alors de ce qui projetait une puissante lumière dans la  pièce, un orbe magnifique. Je m’en saisis… il devait faire une petite  fortune aux yeux de mages !
Pendant que nous nous reposions de nos efforts et de nos blessures, le  nain et l’érudit Lufy fouillait les lieux à la recherche de quelque  autre passage, lequel fût prestement découvert : Un couloir menant à une  petite pièce remplie d’objets de plus ou moins grande valeur, mais au  centre de laquelle un squelette assis devant une table étrangement  creusée pour accueillir sans doute l’orbe, et près duquel un livre de  magie en langage incompréhensible était posé. Sur la demande de mes  compagnons je posais l’orbe sur l’emplacement… celui-ci changea de  couleur, je l’enleva… il repris sa luminosité… alors je le reposa et  attendis : Un « visage » non humain énigmatique et terriblement  charismatique se mis à parler de telle façon que tous puissent  l’entendre. J’avoue que dans ma stupeur je ne saurais en rapporter  l’exacte teneur, mais je compris qu’une Entité ou une Divinité cherchait  à restaurer son emprise sur ce lieu en proposant pouvoir et richesse à  celui qui la servirait… Il fallait brûler du bois d'un arbre à dryade pour accéder à  la connaissance d’un lieu mystérieux où un puissant artefact ne  demandait qu’à être récupéré !... 
Mais le temps avait passé et nous craignions d’être dans l’impossibilité  de retourner chez nous si le passage se refermait  à l’aube. Nous  repartîmes alors vers la sortie prenant tout ce que nous pouvions.  J’insista fortement pour que nous ramenions le corps de nos camarades  défunts, mais cela ne fut hélas pas possible pour les 2 brûlés qui  achevèrent de se consumer enduits d’une substance huileuse.
Sitôt dehors, comme il restait encore un petit moment avant l’aube,  Iogana, toujours curieuse et entreprenante, voulu retourner pour  explorer le couloir que nous avions négligé. Je ne pouvais me résoudre à  la laisser partir seule, aussi l’accompagnais je. Cela scella ma  destinée ! Au bout du couloir, dans une petite salle un Serpent-démon du  nom de Sissragrr, gardien des lieux, entrepris de nous attaquer. Malgré  une chance insolente qui permit à l’halfeline de réussir à atteindre le  monstre avec une flasque d’huile que j’enflammais avec la torche, je  fus grièvement atteint. Cela laissa le temps à Iogana de fuir… quand je  repris mes esprits je me mis à ramper vers l’endroit où j’écris ce  récit… 
 

 
J’entends les sifflements du monstre furieux se rapprocher… mais je suis  sans peur et je meurs fier d’avoir accompli ma destinée !
Texte de Ra-Deg alias Michel