4708, le 22 Rova
Mon Père et oncle,
J’arrivais à Pointesable le 21 Rova en milieu de matinée. Comme je vous l’avais décrit dans ma dernière lettre de Magnimar, j’accompagnais un convoi d’une dizaine de chariots de marchands conviés aux festivités de Machaon. En arrivant à la porte sud du village, nous fûmes accueillis par un sergent qui semblait débordé par les préparatifs des festivités. Aussi, je lui proposai mon aide en prodiguant quelques conseils, de telle sorte que deux heures plus tard, les chariots étaient parqués et les étales installées. Après un rapide déjeuné que le convoyeur m’offrit, je m’attelais à la première tâche que vous m’aviez confiée : s’assurer qu’Abadar tenait une place respectable dans la cathédrale qui sera consacré le lendemain. Je rencontrais le père Abstalar Zanthus, un homme charmant, près de la cathédrale afféré aux préparatifs du lendemain. Néanmoins, il daigna me consacrer une part de son précieux temps, et me fit visiter en primeur ce magnifique bâtiment au style aérien. Nous déposâmes ensemble le « livre des nombres », entièrement écrit par nos prêtres de Korsova, au pied de l’autel dédié à Abadar. Aussi, je puis vous confirmer que notre Dieu tient une place significative au sein de la nouvelle cathédrale. Qu’Abadar en soit satisfait.
Nous étions en début d’après midi. Je m’attelais à ma seconde mission : faire en sorte que le festival se déroule parfaitement, et en particulier que la cathédrale puisse être consacrée symbolisant ainsi l’union entre Desna et les dieux humains. Cet évènement était programmé pour le lendemain, je profitais de ma demi-journée de liberté pour côtoyer les habitants afin de m’imprégner de l’atmosphère locale. J’eus ainsi le plaisir de rencontrer Sir Jasper Korvaski, un paladin de notre ordre qui portait la responsabilité des échanges commerciaux de Pointesable avec l’extérieur. Notre conversation fut agréable, et nous décidâmes de nous revoir pour traiter d’un projet commercial que j’avais imaginé. Le soir venant, je pris chambre à l’auberge du cerf blanc situé à coté de la cathédrale. J’appris peu de chose de cette après-midi, sinon que Pointesable visait dans une tranquillité pouvant pousser à l’ennui.
Le lendemain, vers 11 heures, une foule d’environ 2500 personnes, le double de la population usuelle, s’était rassemblé sur le parvis de la cathédrale. Une estrade permettait aux intervenants de se faire voir et entendre de tous. Nous eûmes droit à un agréable discours de bienvenu du maire, madame Kendra Deverin, une sinistre prose dictée sur un ton monotone du prévôt Bélor Ciguë, un jeu d’acteur de la part de Cyrdak Drokkus directeur du théâtre qui nous joua une véritable comédie, et pour conclure un mot sobre et enjoué du Père Abstalar Zantus qui déclara annonça l’ouverture du festival de Machaon et en précisa le programme : vol des machaons, bénédiction de la cathédrale en soirée suivi du feu de joie.
Le festival de Machaon tient son nom du papillon qui a servi une jolie légende d’un orphelin métamorphosé en machaon pour pénétrer le cœur de chacun. Pour représenter ce symbole de paix en parfaite harmonie avec l’esprit des habitants de ce village, les enfants sont regroupés autour d’une grande cage finement grillagée où sont retenus prisonniers des machaons. La cage est ouverte, libérant un magnifique envol de papillon qui nous offrait un nuage jaune et brun, tacheté de bleu profond et de rouge vif, en constante formation. Les enfants heureux tournoyaient, sautaient, criaient cherchant à saisir de leur petites mains ces fragiles et majestueux insectes ailés. La journée était belle et sous ce ciel bleu au soleil rayonnant, nous pouvions imaginer que les dieux étaient de la fête.
Je passais une après-midi agréable profitant des mets raffinés ou rustiques proposés gratuitement par les tavernes de la ville qui en profitaient pour faire leur propre promotion.
En fin d’après-midi nous nous rassemblâmes tous devant la cathédrale que le prêtre s’apprêtait à consacrer. Le père Zanthus allait prononcer les mots sacrés lorsqu’il fut interrompu par un premier cri qui brisa ce bel élan. Pas un cri de joie, pas celui des enfants plongé dans la joie de leur jeu, mais celui d’une femme apeurée. Puis un second, un troisième, et le paradis devint enfer. Une véritable panique saisit la foule. Des gobelins s’étaient invités, transformant la fête en scène de bataille. Tout le monde courrait dans tous les sens. Impossible de contenir un début d’action défensive, les autorités étaient totalement débordées. J’aperçus dans ce tumulte, trois individus armés qui comme moi hésitaient à intervenir. Ne sachant de quel coté ils étaient, je leur ordonnais à tout hasard de combattre les trois ou quatre gobelins faisant un festin d’un pauvre chien qu’ils venaient d’abattre. A mon grand soulagement, les trois inconnus s’exécutèrent. Aussi, je ne tardais pas à les rejoindre. Les gobelins ne nous résistèrent guère. Nous formions une curieuse équipe d’une grande hétérogénéité. Je me trouvais en présence d’un guerrier gnome au caractère enjoué, sympathique et chaotique, il va de soi, d’un prêtre nain que je découvris plus tard comme érudit, étonnamment jovial, et un elfe taciturne qui semblait connaître la magie (du moins je le compris plus tard). Nous avions à peine terminé ce premier combat, que le guerrier s’élance de toute la vitesse que lui permettaient ses petites jambes vers un groupe de gobelins en jurant dans leur langue. Ces derniers cherchaient à mettre le feu au chariot qui devait servir au feu de joie. Sans doute voulaient-ils se servir de ce bûcher roulant pour incendier le village. Sans réfléchir plus longuement, nous suivons tous l’initiative du gnome pour conclure ce combat en faisant une prisonnière : un barde gobelin ou Chanteguerre comme l’appelle ceux qui parlent cette langue peu réjouissante. Le chariot brûla. Nous nous assurâmes avec succès que les flammes ne puissent se propager vers les habilitations proches, épargnant ainsi le village d’un grand péril.
Je confis l’interrogatoire de la prisonnière au guerrier et au nain qui comprenait aussi le gobelin. J’avoue avoir un instant hésité. Le gnome semblait se complaire dans les combats, et je surpris un bref instant sur le visage du prêtre un profond sentiment de haine. Mais l’interrogatoire fut bien mené, sans usage de torture. J’en conclus que mon guerrier se complaisait dans l’action et non dans la violence gratuite, et que le prêtre savait dominer se ravageur sentiment que matérialise la haine. Pour ma part, je me dirigeai d’un pas rapide, accompagné de l’elfe, en direction du nord vers un enfant qui nous faisait des signes de détresse. En nous rapprochant de l’enfant, nous entendîmes un appel au secours. Un homme et son chien étaient encerclés de gobelins. Nous nous portâmes à son secours. Nos deux autres compagnons qui en avaient fini avec l’interrogatoire purent nous rejoindre rapidement. Le prêtre portait la prisonnière ficelée et bâillonnée sur son épaule. L’homme fut blessé mais sauvé, son chien n’eut malheureusement pas la même chance. Le prêtre soigna l’homme dont la blessure était bien moins grave que ce qu’il nous avait fait entendre, pendant que le gnome m’exposa les conclusions auxquels les avait amenées l’interrogatoire : les gobelins effectuaient une mission « secrète » qui consistait à vandaliser Pointesable sous les instructions d’un ou humain « très laid » ! Le blessé s’avérait être un noble au nom de Aldern Granrenard. Hautain, sans grand courage, mais très reconnaissant, il nous proposa de le rejoindre à l’auberge du Dragon Rouillé en début de soirée pour nous récompenser de lui avoir sauvé la vie. Nous acceptâmes. Je réalisais que nous avions omis une source potentielle de renseignement : la fouille. Aussi, nous fouillâmes les quelques gobelins à terre et la prisonnière. Pas de grande découverte de cette pénible tâche, sinon un petit flacon que le prêtre identifia comme fiole de soin, 23 pièces d’or que nous partageâmes, quelques armes dont une étrange arme d’hast de qualité que je gardais comme pièce à conviction.
Profitant de cet instant d’accalmie, le prêtre se présenta. Quelle honte ! Dans le feu de l’action, j’avais manqué à tous mes devoirs. Je sais mon Père et oncle ce que vous allez penser : de Courage, Sérénité et Espoir, il me manque le second mot.
Le prêtre se présenta donc : Olaf Trek, prêtre nain de Torag. Il venait à Pointesable pour obtenir une faveur auprès du père Zanthus. Il souhait que son dieu ait une place au sein de ce beau monument. Je ne suis pas autorisé à émettre le moindre commentaire sur cette démarche, bien que je pense qu’un rapprochement des peuples de Varisia apporte l’espoir de parvenir à y bâtir une solide civilisation. A ce propos mon Père et oncle, il me serait très profitable de lire vos conseils en la matière. A défaut d’un lien avec les représentants de Desna, une collaboration avec Abadar pourrait être un axe à considérer ? Il se présenta comme un jeune nain âgé de soixante ans. Voilà ce qui explique en partie sa grande érudition. Être jeune à 60 ans, voilà un désir de nombreux humains !
Le guerrier Gnome se nomme Monotech. Un aventurier qui se trouvait ici par le hasard d’avoir pris un emploi de protecteur d’un commerçant ambulant. Aucun autre but ne le conduit que ceux de découvrir de nouvelles régions et de partager de grandes aventures.
Scalarel, l’elfe se présenta de même comme un aventurier. Son trait de caractère très réservé me fit ressentir qu’il cache ses réelles motivations.
Notre échange fut rapidement interrompu par un attroupement qui nous acclama en nous désignant comme de véritables héros. Je pense que nous devions cet honneur sur notre réussite à contrecarrer la manière que les gobelins avaient envisagé de fêter le feu de joie. Madame le maire Kendra Deverin nous remercia et nous demanda malgré les réticences du prévôt de rester quelques jours, le temps de traiter cette curieuse et bien triste affaire. D’une seule voix, nous nous mimons à sa disposition. Nous leur confions notre prisonnière, puis commencions à élaborer les premières actions à entreprendre, lorsqu’un garde vint souffler un message aux oreilles du maire. Elle échangea quelques mots discrets avec le prévôt, pour nous laisser en s’excusant. Désabusé mis sans le laisser paraître, je menai notre groupe de nouveaux héros vers la cathédrale pour y rencontrer le prêtre. Le pauvre homme était abattu. Il nous apprit que la tombe du père Ezakien Tobyn, son prédécesseur mort dans le terrible incendie de la précédente église, avait été profanée, et vidée de son macabre contenu. Nous soupçonnons un rapport entre ce premier incendie et l’attaque des gobelins. Aussi, nous interrogeâmes le pauvre prêtre avec parfois quelques honteuses maladresses. Le gnome préféra se rendre au cimetière pour mener ses propres recherches. Père Zanthus nous apprit peu de chose sinon que le corps atrocement brûlé du prêtre fut enterré sans aucun objet de valeur comme le veut la tradition des croyants en Desna. Je notais néanmoins un fait curieux. Le père Tobyn avait une fille qui périt elle aussi dans l’incendie de l’église. De son corps, on ne retrouva pas la moindre cendre, et par conséquent elle n’eut pas le droit à une sépulture.
Entre temps le gnome était revenu, tout excité. Il tenait absolument à nous monter sa découverte. Je demandais au Père Olaf de se rendre à la prison pour prendre connaissance des informations obtenues des différents interrogatoires, pendant que nous autres suivront Monotech. Nous nous donnâmes rendez-vous à l’auberge du Dragon Rouillé.
Au cimetière, le petit guerrier nous conduisit vers sa découverte : un échelle et des traces fraîches dans le sol qui montrent que celle-ci ont permis à un ou plusieurs individus de franchir le haut mur qui entoure le cimetière. Ces traces nous laisse supposer que l’attaque était une diversion, permettant à d’autre de commettre leur forfait : voler le corps du prêtre. Qu’elle est la raison de cet étrange et odieux cambriolage ? Mystère.
De son coté, Père Olaf endossa un autre mystère porté par les interrogatoires. Plusieurs clans Gobelin avaient combiné l’attaque du village. Or, ces clans sont totalement incapables de se coordonner, étant en constante rivalité guerrière. Cela sous entend que l’homme « très laid » possède des moyens de conviction hors du commun.
Je décidai de rendre compte à Madame le maire, pendant que mes compagnons se retrouvaient à l’auberge. Après un rapide entretien avec le maire, je les retrouvais à l’auberge du Dragon Rouillé tenue par une excentrique et très jolie jeune femme au teint exotique : Ameiko Kaijustu. Ils étaient attablés, chope de bière en main, avec Aldern Granrenard le noble qui nous avait promis une récompense, promesse qu’il tient puisqu’il nous offrit 50 pièces d’or à chacun. Cet homme est curieux. Noble de Magnimar, excentrique, exagérément aimable, cachant subtilement la réelle raison de sa présence à Pointesable, il insista pour que nous l’accompagnions à une prochaine partie de chasse. Nous acceptâmes, par politesse, sous réserve que les circonstances nous le permettent. Ayant obtenu satisfaction, il nous quitta. Comme nous l’avions proposé à madame le maire, nous convîmes de nous retrouver à la consécration de la cathédrale reportée à 11 heures le lendemain matin La nuit commençait à tomber. Je quittais mes compagnons et partit en direction de l’auberge du Cerf Blanc, où j’ai prolongé la location de ma chambre.
Mon Père et oncle, je vous transmets mes respectueuses salutations, et vous promets de vous apporter de mes nouvelles très prochainement. Rassurez mère et Shan mon frère. Je me porte bien, et cet épisode m’a grandit. Dites à Shan qu’il n’a pas à regretter de m’avoir confier l’épée de père, et que je n’oublierai jamais ce geste.
Sir Méromé Graitone, votre neveu au service d’Abadar.
Objets
- Potion de soins légers. Récupération de 1d8+3 pv.
- Coupe-cheval de maître. Hallebarde de petite taille. +1 au jet d’attaque; Dégâts 1d8, Critique 20 (x3), Perforant ou tranchant. Sur un 1 au jet d’attaque l’arme se brise (sauf si elle est de maître ou magique).