Ça y est, nous
touchons au but ! Le Noble Alrik a ouvert un passage plus bas que la
salle où nous sommes actuellement, sans doute menant à un sanctuaire de
ses ancêtres… le corridor est étroit et semble s’enfoncer… le javelot
d’une main, une torche de l’autre, je suis prêt !... mais le prêtre, le
mage et le nain discutent avec passion sur les visées politiques de la
Dame Blanche, de son Intendant, de la conduite à tenir quand nous
ressortirons…
Mes compagnons sont de grands érudits, mais ils semblent avoir oublié
qu’il nous reste encore à visiter cette partie des cavernes naines… et
je gage que ce ne sera pas sans difficulté.
… J’attends… mais ils discutent toujours… Alors j’avise Scaban qui
s’ennuie ferme, et nous nous engageons dans le corridor. Celui ci est
très humide. Je passe un pas avant pour protéger mon compagnon de ce
qu’il pourrait advenir, et le voleur ouvre l’œil pour détecter
d’éventuels pièges. Nous avançons prudemment. Puis sans que nous
comprenions comment, l’eau envahit progressivement le passage. Nous nous
replions rapidement pour ressortir trempés mais sauf.
Nos compagnons ont enfin fini leur conciliabule… pour nous reprocher de
ne pas les avoir attendu. J’ai toujours eu le même problème avec les
érudits au cours de mes nombreuses pérégrinations: parler, parler,
beaucoup réfléchir, mais peu agir… Enfin, mon devoir est de les protéger
le mieux que je peux, et je m’y emploie au nom de la très Sainte
Justicia. J’ai quand même eu l’impression que le magicien avait cherché
à me vexer avec ses remarques…
L’eau se retire progressivement par le fond du tunnel. J’ai cru
comprendre que nous cheminerons sans le mercenaire désormais. Après tout
pourquoi pas…
Cette fois ci Scaban va progresser seul en cherchant le piège que nous
n’avons pu éviter, mais je l’attache solidement à une corde pour le
ramener prestement si besoin est. Le jeune bougre est efficace comme
toujours et parvient à repérer une dalle instable qu’il marque, et
parvient au bout du tunnel où une porte de métal bloque le passage. Nos
compagnons appellent encore à la prudence, mais le voleur a besoin de
lumière pour ouvrir la porte. J’y vais donc. La chose est rapidement
faite et nous ouvrons sur un passage coudé. Nous nous engageons avec
précaution. Le groupe impatient nous rejoint, Alrik souhaitant que nous
restions groupés. Le couloir débouche sur une petite salle et nous
passons sur une grille qui permet l’évacuation des eaux. Les nains sont
décidément d’habiles architectes.
La salle est en fait un vestibule avec une grande porte centrale
métallique avec 4 serrures aux coins, 2 braseros gravés vides la
bordent. Nous n’avons pas de clefs pour ouvrir. Je demande alors à
Scaban de chercher un endroit où elles seraient cachées. Il découvre une
porte camouflée en pierre dans le mur droit. Alrik nous explique que ce
doit être la vraie entrée et que la porte métallique est un leurre.
Habiles certes, mais compliqués et tortueux les architectes nains !
Un court tunnel, un éboulis infranchissable, un coude que nous suivons…
Nous arrivons sur un grand escalier de pierre. En haut, bien visibles se
trouvent 2 coffres de bonne taille. Un peu trop visibles ! Prudence
donc… Une inscription sur l’escalier faisant allusion à des jumeaux
royaux… rien de familier pour moi, et je reste sur mes gardes tandis que
tous vont explorer les lieux. Le voleur ne détecte aucune issue cachée
sur les murs et s’attache à déverrouiller les coffres sans réelle
difficulté… je les ouvre pour découvrir des monceaux de pièces en or des
anciens nains. Alrik ne souhaitant pas que nous prenions quoique ce
soit ici, je referme donc les coffres (et puis les laisser ouverts
tenterait trop notre jeune voleur).
Alrik et Scaban entreprennent de sonder les marches. Ils découvrent
qu’une d’entre elles peut se pousser, et parviennent à un passage secret
sous l’emplacement des coffres. Le corridor est bas et étroit. Le
voleur s’y engage pour ressortir rapidement : il a découvert une épée
bâtarde, un sceptre et une couronne de pierre qui dorment là depuis 1
bon siècle. Alrik va vérifier suivi de Père Luk. Nous les entendons
parler un bon moment puis ils ressortent avec les objets en question.
Justicia me confirme que les 3 objets sont de nature magique. Mais Père Luk les a reconnu : il s’agit des symboles qui donnent au baron de Wildsgate, la ville
d’où nous provenons, le droit de gouverner ! Mais comment sont ils parvenus ici reste un
mystère. Les nains les ont sans doute volés puis cachés avant la chute
de leur propre royaume. Mais pourquoi ? Je ne vois pas les nains porter
une grande attention aux royaumes humains… étrange ces nains !
Il est décidé que nous ne devons pas parler de cette découverte au
mercenaire, et nous cachons sur nous les objets, Alrik la couronne,
Scaban le sceptre et moi l’épée. Puis nous remontons.
Après avoir rejoint les rescapées, le mercenaire et le trappeur, nous
faisons le chemin inverse pour rentrer à Wildgate. Au détour d’une
clairière, nous découvrons que les cannibales survivants et les rôdeurs se sont entretués. Aucun n’a survécu ! Je prends quelques capes pour
couvrir les infortunées que nous ramenons à la civilisation. Scaban
récupère quelques pièces d’argent malgré les reproches de frère Luk.
Capitaine Argun, bellâtre dévoué à dame Aborn
Aucune difficulté pour parvenir au pont à moitié en ruine qui marque la frontière de
la baronnie. Nous le franchissons pour marcher jusqu’aux
fortifications. Mais à peine celles-ci sont elles en vue que nous
découvrons un comité d’accueil : le capitaine Argun et 8 chevaliers en tenue de combat
accompagnant la Dame Blanche qui nous barrent la route.
Tous m’avaient raillé quand j’avais essayé de nouer un dialogue avec le
dragon, et pourtant les voilà à essayer de faire de même face à cette
équipée guerrière… Ordre nous est donné de déposer les 3 objets que nous
venons de retrouver et que nous voulions ramener à la dame Blanche et à
son frère malade. Comment le savait elle ? Père Luk supposait qu’elle
était magicienne, cela se confirme… mais le ton ne me plait pas, et je
sais que tout cela va finir en bataille rangée. Je fais quelques pas de
côté pour m’adosser à un arbre, ce qui m’évitera de finir embrocher par
les lances. Je donne mes conseils d’expérience à la compagnie qui n’en
tient nullement compte, puis les chevaliers partent à la charge, lance
couchée. Le péril est grand, mais Justicia et Iosas se sont alliés pour
nous protéger puisque notre cause est juste et sacrée, car le noble
Alrik parvient à éviter une lance et sectionne d’un moulinet la jambe de
son adversaire, tandis que Père Luk et moi même inspirons chacun une
terreur divine à deux marauds qui partent au triple galop loin de nous,
puis le prêtre après avoir invoqué son dieu déploie une lumière aveuglante devant les yeux de deux autres qui s’enfuient aussi. Scaban s’essaye à une acrobatie bien
dangereuse mais tombe devant un cheval, sans blessure heureusement. Nous
voyons alors la Dame Blanche commencer une incantation au moment où le
capitaine des chevaliers part en charge contre le Père Luk… mais notre
magicien est plus prompt, et puise dans ses dernières forces pour lancer
des projectiles magiques sur la magicienne et un chevalier… notre
compagnon s’effondre en même temps que la Dame… je bondis sus au
capitaine en faisant de grands moulinets avec ma grande épée et je
l’abat prestement avant qu’il ne tente d’échapper au juste courroux de
ma déesse… la bataille est finie ! Les survivants s’esquivent en
déroute… Une des malheureuses rescapées est tombée tuée par un de ces
lâches, mais à part notre magicien que Père Luk entreprend de remettre
sur pied, bien qu’extrêmement affaibli, nous sommes tous sauf.
Je cours vers la Dame Blanche m’assurer qu’elle ne représente plus un
danger. Elle git aussi morte qu’il est possible, aussi j'entreprend de
soutirer tout objet qui pourrait avoir une nature magique, un parchemin,
et des bracelets, plus une bourse que je rendrai plus tard à son frère.
Le parchemin s’avérant porteur d’un sort, je l’attribue d’autorité au
magicien qui l’a amplement mérité. Les bracelets seront confiés à Alrik
pour qu’il les expertise.
Mais voilà qu’une autre équipée sort en désordre au deça des remparts :
la milice vient à la rescousse ! Je les accueille avec autorité,
menaçant de trépas quiconque nous empêcherait d’apporter les artefacts
au Baron. A la vue de l’épée magique à pommeau de dragon que je brandis,
le Reeve Marshak pâlit, et en voyant le sceptre puis la couronne de pierre,
ordonne qu’on nous laisse entrer.
Nous rejoignons le fortin où Sodersund le régent nous attend. Je réitère mon
ordre, et en voyant les artefacts celui-ci consent à nous accompagner à
la chambre du Baron Kaldal Aborn, lequel semble miraculeusement remis depuis peu.
Nous comprenons que la malédiction qui frappait la famille était liée à
l’éloignement de ces objets. En les rapportant, nous avons levé la
malédiction ! Je suis sceptique cependant sur une magie qui porte des
effets aussi néfastes… j’en parlerai à qui de droit auprès de mon Ordre…
Le Baron est faible, mais comme seul dépositaire de droit des artefacts,
nous les lui remettons sans cérémonie. J’entreprend sans verbiage
inutile de l’informer de l’infortune qui a frappé sa sœur, en arguant
que celle-ci l’a trompé depuis toujours cherchant à se jouer de lui. Le
pauvre homme est stupéfait, mais il est de mon devoir, en raison de sa
charge, de ne lui épargner aucune illusion. Il lui appartient désormais
de reprendre en main la Baronnie, et ce malgré sa santé défaillante.
Nous ne nous attardons pas. Chacun d’entre nous est logé au château, le
temps de faire une toilette. Le soir le Baron nous entretient à nouveau :
Il est faible, mais comme je l’avais jugé, c’est un homme de caractère
qui assume sa charge. Nous l’informons au mieux de ce qui s’est passé
avec sa sœur et les rôdeurs qu’elle avait embauché pour ses projets de
conquête de la baronnie, et à propos de la libération de la forêt comme
des cavernes naines qui sont de nos œuvres. J’insiste pour que le noble
Alrik soit reconnu comme ce qu’il est, héritier légitime du royaume
nain d’autrefois.
Le Baron nous récompense comme cela se doit en toute justice pour les
succès dont il nous est redevable : le noble Alrik se voir reconnaître
sa préséance sur les cavernes naines et une aide diplomatique auprès du
Grand Roi nain, et chacun récupère quelques avantages conformes à ses
goûts et ambitions. Pour ma part, comme il est de droit, je réclame
l’armure et le destrier du capitaine que j’ai abattu en combat loyal.
Notre quête est en partie finie puisque le danger des gobelins existe
toujours ce qui me préoccupe fort, les légendes ayant rapporté que ces
derniers servaient un nécromancien. Nous verrons par la suite ce qui en
adviendra…
Texte de Ra-Deg
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