A peine avais-je achevé ma brève prière improvisée pour sauver l’âme du cordonnier mortellement blessé, que la hache d’Arcill, d’un mouvement imprévisible et de belle précision, acheva ses souffrances. Je fus reconnaissant au guerrier de ce geste impromptu qui épargna au malheureusement de voir mort venir. Certes, l’alvar montrait une forme singulière de pitié, néanmoins totalement adaptée à la situation. L’homme, avant son dernier soupir, nous compta l’attaque subie par son village qui se déroula quelques heures avant notre arrivée. Une agression semblable à celle de Sothmere dans laquelle le mauvais sort nous avait jeté. Avec toutefois une différence : la population de Wichford fut anéantie. Nous venions d’achever l’unique survivant. Ce village méritait une cérémonie religieuse. Mais aucun de nous n’était prêtre, et la Chantrie restait absente en cette région. Prions que la clémence du Créateur sauve les âmes abandonnées de ces malheureux.
J’étais inquiet. A en croire les derniers mots du brave cordonnier, ceux qui avaient provoqué la perte de Wichford se dirigeait vers Sothmere. Ce qui signifiait que les rescapés de la veille allaient subir un second assaut. S’ils ne parvenaient pas à le contenir, cela signifiait la mort ou bien pire de tous ceux en attente de notre retour que nous avions placés en quarantaine dans la « Grange aux Soins », celle d’Eshara mais surtout celle de la sorcière Stoyanka qui entraînerait inévitablement celle de mes compagnons. Que faire ? Nous rendre en urgence à Sothmere en puisant dangereusement dans le maigre répit de trois jours de survie concédé par les morsures empoisonnées des mutants ? Ou fallait-il poursuivre notre quête et prier le Créateur que les gens de Sothmere sortiraient à nouveau vainqueurs, que Stoyanka, notre seule carte en main pour briser l’effet du poison, échapperait une nouvelle fois à la mort ? J’intériorisais mes interrogations et décidais seul de la route à prendre. Pour cette quête, j’avais inconsciemment et naturellement pris la direction des opérations. Non que je prétendais ou voulais usurper l’autorité de Roshek qui nous avait parfaitement conduit dans nos précédentes aventures. D’autant que nous les mages, nos missions visent à servir et les grands de ce monde, et non à nous hisser vers les plus hauts sommets du pouvoir. Nous sommes des conseillers, pas des meneurs. Mais le contexte de notre quête suscitait mes deux principales compétences : la magie et la médecine. Dans ces deux domaines, j’étais sans conteste le plus à même à pouvoir prendre les bonnes décisions. Enfin, c’est ce que j’estimais. Je fis mon choix.
J’étais inquiet. Je choisis de poursuivre notre quête. Mais je craignais que ce choix ne fût guidé par la raison, mais influencé par l’héritage paternel. Inconsciemment, je prenais le chemin parcouru par mon défunt père, une direction obsessionnelle d’une éternelle quête vers le savoir alchimique à la recherche de la potion miraculeuse qui sonnerait le glas à toute forme de maladie et autres maux. Mon père avait emprunté cette voie suite à la mort de ma mère dont il s’affligeait la responsabilité, lui le guérisseur incapable de soigner celle qu’il avait tant aimée. Il s’était donc engagé sur une route dangereuse qui en prenant le détour de la passion maladive, le mena irrévocablement vers une impasse destructrice. Par mon choix de poursuivre notre quête, de suivre la direction que nous indiquait le corbeau, de trouver, quoi qu’il en coûte, le lieu secret et protecteur de la Mousse d’Ombre, ne suivais-je pas les pas de mon père ? D’autant que j’occultais volontairement un danger bien plus profond que celui des attaques des chasinds enragés. Une fois de plus l’emprunte des apostats apparaissait et se montrait à l’origine de ces agressions. J’en obtins la conviction lorsque j’eus étudié le cadavre d’une des corneilles qui nous avaient agressés. Des marques de l’Engeance gâtaient son plumage. Malgré ce danger, malgré mon vœu donné au Créateur de servir au mieux l’humanité et donc de combattre L’Engeance et tout acte démoniaque des apostats, malgré tout, j’écoutais et obéissais à la seule voix du Guérisseur.
J’étais inquiet.
J’étais inquiet. A en croire les derniers mots du brave cordonnier, ceux qui avaient provoqué la perte de Wichford se dirigeait vers Sothmere. Ce qui signifiait que les rescapés de la veille allaient subir un second assaut. S’ils ne parvenaient pas à le contenir, cela signifiait la mort ou bien pire de tous ceux en attente de notre retour que nous avions placés en quarantaine dans la « Grange aux Soins », celle d’Eshara mais surtout celle de la sorcière Stoyanka qui entraînerait inévitablement celle de mes compagnons. Que faire ? Nous rendre en urgence à Sothmere en puisant dangereusement dans le maigre répit de trois jours de survie concédé par les morsures empoisonnées des mutants ? Ou fallait-il poursuivre notre quête et prier le Créateur que les gens de Sothmere sortiraient à nouveau vainqueurs, que Stoyanka, notre seule carte en main pour briser l’effet du poison, échapperait une nouvelle fois à la mort ? J’intériorisais mes interrogations et décidais seul de la route à prendre. Pour cette quête, j’avais inconsciemment et naturellement pris la direction des opérations. Non que je prétendais ou voulais usurper l’autorité de Roshek qui nous avait parfaitement conduit dans nos précédentes aventures. D’autant que nous les mages, nos missions visent à servir et les grands de ce monde, et non à nous hisser vers les plus hauts sommets du pouvoir. Nous sommes des conseillers, pas des meneurs. Mais le contexte de notre quête suscitait mes deux principales compétences : la magie et la médecine. Dans ces deux domaines, j’étais sans conteste le plus à même à pouvoir prendre les bonnes décisions. Enfin, c’est ce que j’estimais. Je fis mon choix.
J’étais inquiet. Je choisis de poursuivre notre quête. Mais je craignais que ce choix ne fût guidé par la raison, mais influencé par l’héritage paternel. Inconsciemment, je prenais le chemin parcouru par mon défunt père, une direction obsessionnelle d’une éternelle quête vers le savoir alchimique à la recherche de la potion miraculeuse qui sonnerait le glas à toute forme de maladie et autres maux. Mon père avait emprunté cette voie suite à la mort de ma mère dont il s’affligeait la responsabilité, lui le guérisseur incapable de soigner celle qu’il avait tant aimée. Il s’était donc engagé sur une route dangereuse qui en prenant le détour de la passion maladive, le mena irrévocablement vers une impasse destructrice. Par mon choix de poursuivre notre quête, de suivre la direction que nous indiquait le corbeau, de trouver, quoi qu’il en coûte, le lieu secret et protecteur de la Mousse d’Ombre, ne suivais-je pas les pas de mon père ? D’autant que j’occultais volontairement un danger bien plus profond que celui des attaques des chasinds enragés. Une fois de plus l’emprunte des apostats apparaissait et se montrait à l’origine de ces agressions. J’en obtins la conviction lorsque j’eus étudié le cadavre d’une des corneilles qui nous avaient agressés. Des marques de l’Engeance gâtaient son plumage. Malgré ce danger, malgré mon vœu donné au Créateur de servir au mieux l’humanité et donc de combattre L’Engeance et tout acte démoniaque des apostats, malgré tout, j’écoutais et obéissais à la seule voix du Guérisseur.
J’étais inquiet.
Extrait de "Une vie magique" de Rylan de Malgranne.
Texte : Marcapuce
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