Campagne

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samedi 28 février 2009

[Résumé] Session 5

Orik par Marc

Quand cette histoire prendra t’elle fin ? J’ai cru un instant être enfin libéré. Mais pensez-vous. Le dieu de la Culpabilité, qui exister quelque part, en a voulu autrement. Sans doute va t’il m’imposer une pénitence avant la libération de mon âme. Je hais les femmes ! D’accord, cette affirmation est totalement fausse. Et c’est bien là le problème. Bref, je croyais être mort, mais une brutale douleur dont l’origine semble venir d’un pied, dont les mouvements de métronome en furie heurtent mon corps meurtri.

« Réveille-toi mon gars, j’ai quelques questions à te poser. »
J’émets un gémissement en espérant que celui-ci convainc le propriétaire du pied frappeur à la voix nasillarde, de cesser ses gesticulations qui m’insupportent.
« Tu vois à qui t’as affaire ? Une pâté comme celle-là, tu t’en souviendras toute ta chienne de vie … »
Je vois. En réalité, je ne vois rien du tout. Néanmoins, je ressens un léger courant d’air irrégulier, ponctué du martèlement d’un trépignement d’excitation et commenté d’onomatopées dès plus suggestives. Ces sensations me laissent à penser que ce vantard mime son glorieux combat à un contre cinq. Sans doute cherche-t-il ainsi à m’impressionner, à m’humilier sans se rendre compte que ses efforts sont vains du simple fait du bandeau qui me couvre les yeux. Je le lui signalerais volontiers, mais sans protection, mains et pieds liés, je ne dispose pas des meilleures conditions pour me lancer dans ce genre plaisanterie. J’attends donc sagement que le vantard cesse sa comédie. Celle-ci dure plusieurs minutes. J’apprends qu’à lui tout seul, il a éliminé le roi chevaucheur de lézard, et sa nombreuse cours, le gobelours avec sa garde personnelle et une espèce de calamar géant terrestre, sans omettre les 12 chiens, et les innombrables gobelins qui peuplaient les lieux. Je dois reconnaître que se faire la peau de Volpépite et son gecko, de Bruthazmus en une seule journée avec comme dessert un mutant de ma chère Lyrie mérite un brun de respect. Même si d’un seul individu, ils sont cinq, même si le nombre de chiens a quadruplé, les innombrables gobelins aisément dénombrables, et que la garde personnelle du gobelours se limite à quatre putes gobelines.

Brusquement le jour se lève. Je peux enfin admirer le héros qui se dresse fièrement devant moi. Il ne dépasse pas le mètre, le gnome.
« Tu m’reconnais, hein ? Tu te rappels comment je t’ai éjecté au fond de ta piaule, avant de te massacrer la tronche ».
Il commence à me les gonfler le modèle réduit. Mais, restons calme, condition indispensable à ma survie.
« Pourquoi m’avoir laissé en vie ? » demandais-je sincèrement.
« Parce que les autres, enfin surtout le paladin, y veulent savoir des trucs. Alors c’est moi qui dois poser les questions. Une idée géniale du prêtre. Oui, parce que si c’était le paladin, ce naze, y ferait pas mal à une mouche. Enfin, ça dépend tu m’diras. Parce que la mouche, si elle est possédée par le Mal, tu sais ce truc dont rien n’est plus mauvais comme il dit, alors là, la mouche l’a intérêt à décamper vite fait. Tu piges, la mouche qui n’est pas mal, elle n’est pas mauvaise non plus, alors le paladin sera gentil avec elle. Donc, aux questions, elle répond ce qu’elle veut. Vérité, bobards, que dalle, peut importe, elle risque rien. Tandis que moi, tu peux pas savoir. Surtout, que j’aime pas les mouches. Quelles soient bonnes, mal ou mauvaises. Pas con le prêtre non ? Alors t’as intérêt à répondre et puis poliment sinon … »
En prononçant cette dernière menace, il me montre une dague cachée dans sa manche droite. Sur un point, il a entièrement raison : je ne saurais dire s’il bluffe. Sachant la présence d’un paladin et d’un prêtre dans le groupe, sorte de garantie pour la survie de tout prisonnier honnête, j’opte pour la franchise. Peut-être que l’un des deux sera me pardonner, si jamais je suis pardonnable.
« Bien, je vois que je n’ai guère de choix, alors posez vos questions ».
Crânement, il sort un carnet, et commence à lire
« Comment t’appelles-tu ? »
Pour un peu, j’éclate de rire. C’est bien la première fois que je vois un quidam avoir besoin de prendre des notes pour poser la première qui vient à l’esprit de tous devant un parfait inconnu. Mais en réalité, ma situation n’avait rien de franchement comique, et je me contente de répondre :
« Orik Vancaskerkin »
Suivent d’autres questions, plus subtiles. Je lui apprends ainsi que je me suis fait engager par Nualia comme garde du corps. Belle connerie, je vous le dis. Une vraie cinglée, elle et sa salope de copine, la magicienne Lyrie. Mais, quelles sont belles ! Quelles sont séduisantes ! J’ai compris où je m’étais fourré le jour où j’ai assisté à l’une de leur cérémonie dans l’espèce de temple consacré à je ne sais quelle déesse. Putain quelle merde ! Quelle bande de cinglés ! Ce jour là, le demeuré Tsuto, le demi elfe, était présent. Possédé par Nualia à entre être totalement aveugle. Au moins moi, j’ai pris conscience dans le merdier dans lequel je m’étais fourré. Trop tard sans doute. Quand je pense que j’ai participé aux complots contre Pointesable, ma ville natale. Quel con je fus, entièrement obnubilé par ces deux merveilleuses et folles anges de la perversion. Je hais les femmes.

Un point me surprend. Mon bourreau miniature lit les questions, assez pertinentes à vrai dire, les unes après les autres, me laisse répondre, et enchaîne la question suivante sans aucun commentaire ni signe d’intérêt. En gros, il se contrefout de ce que je raconte. Ce qui n’est pas le cas de tous. En tout cas pas de celui qui entre de manière totalement inopinée, sans frapper. L’enfoiré, il porte mon armure. Certes elle lui va plutôt comme un gant, un vrai seigneur, mais tout de même.
« Sir Méromée Graitone, Paladin au service d’Abadar »
Aie ! Un paladin d’Abadar, vous voyez le genre, une espèce de fanatique qui vous assassine, puis vous soigne pour finir par vous condamner à mort lors d’une de leur mascarade de jugement qu’ils adorent tant. Ainsi ils se donnent bonne conscience sous couvert de la loi qu’ils ont construite pour les servir. Le type est un brin observateur. Il a manifestement jugé le regard mauvais que je lui porte.
« Cette armure est le prix à payer pour rester en vie malgré vos méfaits »
Comme s’il avait besoin de se justifier. S’il savait comment je l’ai acquise, il ne s’en ferait pas tout un plat. Il poursuit l’interrogatoire avec un intérêt manifeste. Pour un peu, il en saurait plus que moi le noble. Puis, à ma grande surprise il me fait une proposition que je pensais impossible.
« Ecoutez Orik, Vous êtes mon prisonnier et donc à mon service. Et pour commencer, vous nous mener auprès de Dame Lyrie Akenja ».
Je suis sûr qu’ils vont la massacrer. Une telle beauté, quel gâchis, encore qu’elle n’a d’yeux que pour Tsuto ! Et puis, je n’ai qu’une vague confiance. D’autant que j’entends une grosse voix venant du couloir qui réprouve la simple idée d’être à moins de quinze mètre de ma personne. Je dois tester mon interlocuteur pour comprendre ses réelles intentions.
« Dans le pauvre état dans lequel je suis, malheureusement je ne pourrai guère vous être utile. Alors, avant de vous guider, dans ces couloirs, où des mauvaises rencontres ne sont pas exclues, il me faudrait retrouver mon équipement et bénéficier de quelques soins. Vous comprenez n’est-ce pas ? »
Pas vraiment. Cependant, il me rend mon épée, me confie son armure de peau, il n’y perd pas au change sur ce coup là, et me restitue mon arc avec un carquois … vide. Pour les soins, il me faudra attendre. Et nous voilà parti. Je peux enfin mirer voire admirer mes adversaires.

La grosse voix, un prêtre nain, soupçonneux au possible, le genre à vous bénir à coup de marteau afin que vous ne puissiez plus soumettre à un dieu qui ne serait pas le sien. Nous avons un elfe plutôt discret, dont la tenue légère laisse présager un praticien de la magie. Un regard intelligent en parfaite contradiction avec les rares phrases qu’ils prononcent : une succession de railleries de mauvais goût qui repose sur des jeux de mots vaseux. Au fond du couloir, une brute vêtue de cuir en copinage avec une hache à deux mains trop grande pour un géant. Il dégage une apparence effrayante et une odeur pestilentielle qui fait qu’il n’est jamais bousculé par la foule. Pourtant, ce monstre n’a pas dépassé le stade de l’enfance. Soit il boude, soit il chuchote des âneries au modèle réduit, avec un certain succès si l’on mesure les gloussements que les deux compères, au physique diamétralement opposé, émettent en regardant le paladin. Quand je pense que cette troupe hétéroclite est parvenue jusqu’ici sans encombre, je me dis que le Desna la déesse de la chance veille sur eux : les veinards !

Comme promis, je les conduis devant le laboratoire de Lyrie. Ne sachant pas pourquoi, enfin si, je ne puis m’empêcher de supplier le paladin :
« Ne lui faîtes aucun mal »
« L’amour est un sentiment respectable. Aussi je m’efforcerai de le respecter »
Quel con ! Amoureux, moi. Tu parles. Je hais les femmes.
« Restez ici » m’ordonne sa seigneurie voleur d’armure : enfoiré !
Sa confiance connaissant des limites que je puis entendre, il demande au monstre de me garder. Celui-ci en pleine bouderie, n’entend rien. Grosse voix se lance alors dans un effort diplomatique remarquable qui n’aboutit nullement. Finalement le paladin se replie sur le minus qui acquiesce. Et il va falloir que je me farcisse à nouveau ses singeries à celui-là. En fait, non, il reste calme, vaincu par la somnolence. Après de tels récents exploits, accordons-lui quelque repos.

Les quatre franchissent la porte du bureau. Curieux, je me penche pour voir la scène. Putain ! Je sais pas comment font-ils. Pas un mot, mais une magnifique action tactique coordonnée. Et, je sais de quoi je parle. Balaise les mecs. Ma Lyrie, fait pas un pli. Tant pis. Mon armure a bien essayé de parlementer, mais avec Lyrie, s’est peine perdue. Sur ce point, Grosse voix il a vu juste. Son altesse ressort de la pièce, glisse quelques mots à l’endormi. Puis se tourne vers moi. Entre temps, j’aperçois jeu de mots faire une découverte intéressante : il a découvert le moyen de descendre au sous-sol, vers la tanière de la reine des folles. Scène étonnante. Jeu de mot, trop fier de sa découverte commence à s’enfoncer seul dans le ténébreux sous-sol quand, le monstre boudeur le retient : « faut garder groupé uni elle a dit » bafouille t’il. Je ne sais pas qui c’est elle, mais alors là, chapeau ! Sur cette entrefaite, jeu de mot rejoint mon seigneur pour lui annoncer fièrement sa découverte en lui faisant sentir sa grande impatience d’en découdre et d’en finir avec la logeuse du sous-sol. Quelle poufiasse celle-là. Si belle, si cruelle, si démente. Belle, elle ne l’est plus depuis cette cérémonie montée de toute pièce avec les connaissances de feu Lyrie et la complicité du jeune Tsuto. Montreuse elle est devenue. Conasse ! Je hais les femmes.

Le pire reste à venir. J’imagine bien mes héros, me faire passer au premier rang, dans le rôle du bouclier ou testeur de pièges.
« Allez-y, je vous rejoins » dicte le paladin aux deux présents près de lui. Un fois seul à seul, il me toise d’un air solennel.
« Monsieur Orik, je n’ai pu tenir mon engagement. J’ai le regret de vous annoncer que nous n’avons pu éviter de donner la mort à celle que vous sembliez aimer »
Quel nul. C’était une bête de sexe, voilà tout. C’est déjà pas mal, même l’essentiel vous me direz. Malgré cela, malgré les souvenirs que la morale réprouve des merveilleux, enchanteurs, irréels contacts physiques dont à bénéficier mon corps auprès de cette charmante personne et qui resteront à jamais en ma mémoire de mâle, je constate que la mort de Lyrie ne laisse indifférent, du moins sur l’aspect émotionnel. Toutefois, sur un autre aspect … Je hais les femmes.
« Par conséquent, je rachète ma parole en vous libérant. Vous pouvez vous joindre à mon service, si vous le souhaitez, sinon, je vous laisse repartir. »
Cet instant mémorable mérite que nous nous y arrêtions. Ce type me fait en partie confiance et me protége du prêtre qui avait depuis le début tracé ma destiné. Moi, j’aurais pu en profiter pour abuser de sa confiance, le mener où je voulais, les foutre dans le pétrin avant de me tirer. Et je ne l’ai pas fait. Pire, je ne l’ai même pas imaginé. Alors que je ne le connais pas plus qu’il ne me connaît. Comment vous appelez cela vous ? Et attendez, ma réponse, là nous atteignons le summum.
« Sir, je suis trop faible, et ne je pourrais vous être d’aucune utilité, sinon vous gêner. Non, je n’insiste pas sur mon état pour obtenir des soins qui vous seront bien plus utiles pour affronter et vaincre les dangers qui vous guettent. » Le summum, je vous dis, car je le pense, et en toute sincérité. Mais voyez la suite.
« Si vous me le permettez, je préférais rejoindre Pointesable et me repentir de ce que j’ai commis à l’encontre de tous ces gens, de tous ceux que j’ai honteusement trahi, et si possible, à votre coté. » Je ne me reconnais pas. Et pourtant, c’est bien moi qui aie prononcé ces mots, sans blasphème, sans mensonge.
« Très bien, faites ainsi. Nous nous retrouverons à Pointesable. Faites attention en remontant, deux aides précieuses et efficaces protègent nos arrières. Ils pourraient vous confondre avec nos ennemis. Si vous les rencontrez, faites savoir que vous venez de ma par et parlez leur en toute franchise. » Puis, il partit rejoindre ses compagnons.
« Je jure devant tous les dieux que je ne me laisserai plus guider par mes bas instincts.
Je jure devant tous les dieux que je donnerai ma vie pour ma ville natale de Pointesable que j’ai honteusement trahie.
Je jure devant tous les dieux, que je hais les femmes. »

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