Décembre 3199
Durant l'hiver 3199, l’Étoile du Soleil Noir est apparu dans le ciel. De nombreux érudits affirmèrent qu'il s'agissait d'un sombre présage.
Février 3200
Sur la route du sud qui mène à High Cross, le château qui contrôle le bras de mer de la Lame et empêche les incursions vers le sud des monstres qui vivent dans le Grand Marais, un guerrier nain nommé Alrik Ember accompagné de Scaban un jeune humain avaient décidé de prendre leurs quartiers du soir dans un lieu de bivouac pour les caravanes. La petite cabane en bois était presque vide en cette période hivernale car rares étaient les marchands qui s'aventuraient sur les routes en cette saison. Seul un humain aux allures martiales était présent. Sous un aspect austère l'homme semblait doux et proposa immédiatement aux voyageurs de partager sa maigre pitance. L'homme se présenta comme étant Gael Halad, un paladin au service de Justicia, la déesse qui porte assistance et protection aux faibles. Il avait prévu de rendre à High Cross puis peut être au château de Moorshroud pour mettre son arme au service de ceux qui en avait besoin. Le nain était aimable et érudit mais il restait prudent quant à l'objet de son voyage. Le jeune humain qui l’accompagnait entrepris une discussion avec le paladin racontant la triste histoire de sa vie: une enfance misérable passée à mendier et il confessa sa pauvreté actuelle. Gael n’hésita pas à sortir les quelques pièces d'argent qui lui restait et les donna au jeune humain. Le nain soupira.
Le maigre feu avait du mal à réchauffer les trois aventuriers quand soudain il faillit s’éteindre car quatre voyageurs venaient d’entrer dans la cabane. Le groupe se présenta comme des marchands itinérants. Le jeune humain entama la conversation avec eux puis à un moment donné il glissa un mot à l'oreille du nain qui acquiesça d'un signe de tête. C’est à ce moment là que l'un des quatre hommes tira une dague de son manteau et se précipita sur le jeune humain qui les avait démasqués. Les trois autres bandits de grands chemins se jetèrent sur les le nain et le paladin dague en main. Un combat furieux s'en suivi qui commençait à tourner en faveur des trois aventuriers lorsqu'une flèche blessa gravement le nain. Un cinquième homme se tenait à la fenêtre avec un arc. La situation venait de basculer d'autant plus qu'un des bandits bloquait la porte. Soudainement l'homme à la fenêtre s'écrasa contre l'embrasure un trait d’arbalète ayant traversé son cou. Les trois aventuriers dont le nain blessé en profitèrent pour charger les bandits. La porte vola en éclat révélant un homme vêtu d'une tenue de cuir soigneusement ouvragée, hache à la main. Pris en tenailles, les bandits paniquèrent et finirent sous les coups des aventuriers. Le paladin imposa les mains sur le nain tandis que l’inconnu faisait de même sur le jeune humain légèrement blessé.
Le nouvel arrivant se présenta comme étant Père Luk, un prêtre itinérant se rendant dans le sud du comté de Moorshroud. Il devait passer par High Cross pour y trouver un navire lui permettant de traverser le bras de la Lame. Le prêtre semblait bien connaître la région au sud du Grand Marais aussi, Alrik lui demanda s'ils pouvaient faire route ensemble, lui et Scaban. Il proposa aussi au paladin de les accompagner puisque ce dernier recherchait une région où il pourrait œuvrer pour sa déesse. Tous acquiescèrent.
Après une escale sans histoire à High Cross, le groupe pris la mer pour une traversée houleuse du bras de mer de la Lame. Ils en profitèrent pour faire mieux connaissance. Le nain au fur et à mesure que le temps passait s’ouvrit un peu à ses compagnons. Il raconta l’objet de sa quête : retrouver l’homme à la toque écarlate qui avait assassiné son père et vraisemblablement volé une sacoche de cuir couverte de runes, l’héritage des Ember. Scaban narra sa triste vie dans un port au sud de l’Empire, de la triste fin de son père dont le squelette pendait dans une cage en fer sur les murailles de Tarrasine. Le paladin était un fils de marchand au cœur simple et pleins de bonne volonté. Il cherchait avant à parcourir le monde pour protéger ceux qui en avaient besoin. Le Père Luk était froid et distant parlant avec parcimonie de son dieu Iosas, le dieu inconnu. Il certifiât à ses nouveaux compagnons qu’ils appréhenderaient bien mieux la volonté de Iosas lorsqu’ils traverseront le bras de mer de la Lame.
En débarquant dans un petit village dans les terres du sud du comté de Moorshroud, le groupe se rendit compte que la région avait subi de grosses inondations. Les nombreuses digues semblaient indiquer que la région était sous le niveau de la mer. Le Père Luk semblait être connu. Mais c’est en arrivant à Cuvier-la-Rive que le groupe comprit les fondements de la foi du prêtre. Le village était en pleine reconstruction. L’endroit était vivant avec sa grande place et ses larges rues. On trouvait même des commerces, un marché et une pêcherie. Des moines artisans de Iosas œuvraient avec les villageois. Le petit groupe profita même des bienfaits que peut procurer une belle et propre auberge. Les plus courageux aidèrent à réparer les dégâts des inondations. Scaban réussit à esquiver les corvées et à revenir le soir à l’auberge avec un air satisfait.
Le nain souhaitant ardemment remonter jusqu'à château de Moorshroud aussi le groupe repris la route. Après une journée de marche dans des territoires inondés, les quatre aventuriers perdirent leur chemin, le chemin ayant disparu sous les eaux marécageuses. Ils décidèrent de camper au sec sur terre-plein inconfortables remplis de gros épineux qui certes les protégeaient mais rendaient aussi les manœuvres de combat peu aisées. Dans la nuit, l’attention d’Alrik qui montait la garde fut attirée par un bruit comme un « flok-flok ». Surgit alors un gigantesque lézard à la peau blindée suivit bientôt d’un second qui avait réussit à se faufiler sous les épineux. Un combat s’en suit rendu difficile par l’absence de lumière. Un troisième lézard géant apparu et happa la jambe de Scaban avec sa mâchoire sentant la charogne. Le groupe réussit à occire les sauriens mais la jambe de Scaban était nécrosée et infectée. Le Père Luk dut invoquer la puissance de Iosas pour soigner la maladie qui se répandait dans le corps du jeune humain.
Le lendemain, le groupe reprit la route et finit par retomber sur le chemin qui surplombait les terres inondées. Les eaux devenaient de plus en plus marécageuses et glauques. De temps en temps il fallait emprunter un pont de bois décrépi qui reliait les zones de terres qui se faisaient de plus en plus rares.
Enfin dans le milieu de la journée ils purent apercevoir un solide petit château qui se trouvait au sommet d'une crête basse donnant sur le Grand Marais. Accroupi comme un grand reptile veillant sur un enchevêtrement de déchets végétaux brumeux, le château était défendu par des anneaux successifs de fossés et de pieux aiguisés, et enfin par une pente raide sur laquelle d’élevaient enfin les murs du château. On pouvait voir bien mis en évidence des cadavres momifiés de trolls des marais empalés sur des piques, des bannières de guerre arrachés aux mains des ennemis. Le château était petit et devait abriter quelques centaines d’individus. Aux alentours de la forteresse on ne voyait aucun village ou groupe de fermes. Père Luk expliqua que le château dirigé par la comtesse Teskain était la capitale du Comté de Haut Lande. Il était approvisionné par les villages situés plus au sud comme ceux qu’ils avaient traversés. Mais avec les inondations hivernales, il était vraisemblable que Moorshroud devait compter sur ses réserves. La comtesse régnait sur quelques chevaliers bannerets disposant de manoirs et de terres attenantes mais était loin de la centaine de chevaliers fieffés que comporte généralement un comté.
Alrik demanda à Luk ce qu’il en était du Grand Marais. Pour le prêtre, la région marécageuse était dangereuse mais de part et d’autres de la route des caravanes, il subsistait quelques hameaux protégés par un bayou, une étendue d'eau formée par les anciens bras et méandres de rivières qui se jetaient dans le bras de mer de la Lame. Ce bayou formait un réseau plus ou moins navigable de boyaux qui au fil des années grignotaient le peu de terres immergées qui subsistaient.
On devinait une route importante qui longeait le marais posée sur une élévation de terre : la route qui reliait l’Empire de Crieste à la Province Libre de Thire dirigée par Dame Aedwyn Cyran, la Protectrice du Peuple et à la Théocratie de la Lance.
Session du 28/09/2012